H istoire
Saranyëlle était postée sur le rivage, les jambes écartées, les poings sur ses hanches. Un sourire satisfait et comblé barrait son visage enfantin couvert de tâches de rousseur. Devant elle se tenait un navire, pas un énorme bâtiment comme ceux des Ecumeurs ou des Corsaires qu’elle avait pu admirer, mais néanmoins d’une noble taille. Et pour elle, aucun bateau n’était plus beau, pour la simple et bonne raison qu’elle l’avait façonné de ses mains. Bon, peut-être pas construit de fond en comble, d’accord. Elle l’avouait. Mais pendant un an entier elle n’avait eu de cesse de retaper ce qui avait été un rafiot en ruine pour donner un navire aux normes de flottaison et avec un confort acceptable. Si avant cette année on lui avait dit qu’elle réaliserait son rêve le plus cher, elle ne l’aurait pas cru…
Saranyëlle avait toujours été une solitaire. Sans famille, elle avait été déposée devant la porte d’un hospice, emmitouflée dans des draps crasseux. Sa petite bouille, ses grands yeux gris d’acier et ses cheveux roux foncés avaient séduit la tenancière de l’établissement, Lisa, décidant de faire une exception et prendre cette gamine à charge. Elle l’avait baptisée : Saranyëlle, en hommage à la fille qu’elle avait perdue il y avait bien longtemps de ça…
Jusqu’à ses dix ans on l’avait élevée avec une rigueur à toute épreuve. Lisa la faisait porter d’austère robes noires, tirait ses cheveux en arrière et n’hésitait pas à lui asséner des coups de règles lorsqu’elle n’apprenait pas les leçons qu’elle lui dispensait, dépassait le couvre-feu ou mettait le souk dans les couloirs froids de l’hospice. Déjà petite, elle évitait les règlements comme la peste et mettait un point d’honneur à ne pas les respecter. Elle n’avait que deux règles d’or : être libre et s’amuser. Or dès qu’elle fut en âge d’être ne serait-ce qu’un peu autonome, vers ses douze ans, elle décida que l’hospice n’était pas le lieu le plus propice à la mise en place de ces valeurs. Elle fit donc ses affaires et partit, le cœur léger, sans même savoir où aller. A force de traîner dans la rue elle s’était fait des relations : des enfants du quartier, d’autres orphelins, ou même des enfants de Notables qui vivaient dans le centre de l’Île et profitaient des absences de leurs parents pour s’évader de leur pompeux quotidien. Son meilleur ami, Jack (son nom entier était Jacques-Louis mais il exécrait ce prénom et avait vite fait de se renommer) était de ceux-là. Grâce à lui, après deux jours passés à errer dans les rues, elle trouva un poste de gouvernante dans une riche maisonnée. Elle revêtit sa plus belle chemise, la seule jupe qu’elle possédait, arrangea ses cheveux en bataille du mieux qu’elle le pouvait et se rendit à l’adresse fournie par Jack. La politesse qu’elle s’évertua à montrer et un simple mensonge sur son âge – après tout, douze ou quatorze ans, quelle différence ? De toute manière on lui avait toujours assuré qu’elle paraissait plus âgée… - lui offrirent le poste. Non que les mensonges lui soient habituels, loin de là, son sens de l’honneur avait toujours été exacerbé par les combats qu’elle menait avec les enfants des rues depuis qu’elle avait eu son premier sabre entre les mains à six ans, mais elle avait vraiment besoin de ce travail. Il lui fallait de l’argent pour réaliser son rêve.
A force de traîner sur l’Île, elle échouait souvent sur une jetée, une plage ou un port, à regarder les bateaux amarrer, les matelots y monter chargés de grosses barriques et leurs fiancées sangloter en les voyant partir. Elle se mêlait souvent à toute cette agitation, s’imaginant qu’elle jour elle y monterait à son tour. Après tout, un bateau ce n’est pas qu’une coque, un mât et des voiles. Un bateau, c’est la liberté. Celle d’aller où on veut, sans personne d’autre que les tempêtes et turpitudes de l’océan pour vous en empêcher. Sentir le vent dans ses cheveux, les embruns sur son visage… Elle en rêvait jour et nuit. Alors elle avait pris une décision, peut-être la plus importante de sa vie, mais son caractère enjoué et léger l’avait prise avec son insouciance habituelle : elle allait gagner de l’argent, s’acheter son propre navire et monter un équipage. C’est ainsi que l’orpheline rêveuse la plus garçon-manqué de l’Île s’était retrouvée… Engoncée dans une robe à faire répéter leurs lectures à des gamins de sept ans. Mais il faut ce qu’il faut… A dix-neuf ans, ayant réuni assez d’argent, elle quitta la grande maison et alla s’acheter un rafiot, presque une épave, à laquelle elle allait consacrer un an de sa vie. Et la voilà, douze mois plus tard, à tout juste vingt ans, sa chevelure rousse, presque rouge, vagabondant à son aise sur ses épaules nues, en chemise large, pantalon et bottes comme un homme, la peau hâlée par le soleil et raidie par le sel, à contempler son chef-d’œuvre, pas peu fière d’elle. Elle repéra une silhouette dans son dos sans même se retourner, sa Particularité étant un instinct plus développé que la normale, et devina qu’il s’agissait de Jack. Qui d’autre ? Elle se retourna et couru vers lui, lui sautant au cou.
- J’ai terminé ! lança-t-elle d’une voix énergique.
Il sourit, attendri par la voix enfantine de son amie, et déposa un baiser sur ses lèvres. Les années n’avaient pas gâté sa beauté, et il n’avait pas pu résister à l’évolution qu’avait prise leur relation malgré les joutes régulières qu’elle entraînait vis-à-vis de ses parents. Ils jugeaient leur fils d’un niveau social trop élevé pour s’amouracher de cette « sauvageonne » et n’appréciaient guère qu’il l’autorise à emprunter son nom de famille lorsqu’elle en éprouvait le besoin, n’en n’ayant pas elle-même. Mais il n’en avait que faire. L’énorme sourire ne quittait plus ses lèvres, et elle répéta une fois de plus « J’ai terminé » en regardant à nouveau le fruit de ses efforts. Le navire n’était pas très grand mais semblait robuste et confortable. Les voiles claquaient au vent et il mouillait, semblant attendre son baptême de l’eau et sa capitaine. Lui éprouvait à vrai dire plus d’intérêt pour la constructrice que la construction.
- Je vais l’appeler… Le « Liberty ». ça sonne bien, tu ne trouves pas ? Bon, maintenant… Il me faut un équipage, affirma-t-elle, catégorique.
- Très bien, acquiesça-t-il.
Ensemble, ils se rendirent à la ville, histoire de faire la tournée de quelques tavernes. Sa volonté et sa persévérance étant au moins aussi développées que son sens de l’humour et sa joie de vivre, Saranyëlle finissait toujours par avoir ce qu’elle voulait. Or elle avait décidé de gagner sa vie en sillonnant l’océan, transportant des voyageurs désireux de se rendre d’une île à l’autre en toute sécurité, sans craindre les navires Ecumeurs. Elle se battait bien, savait naviguer, ne restait plus qu’à trouver un équipage. Elle aurait son équipage.
E t Vous...
- Prénom ou Pseudo ? Pseudo, eh bien disons… Enora.
- Age ? 17 ans
- Comment avez-vous connu le forum ? Par l’intermédiaire de Dawn la Tempête.
- Que pensez-vous du forum ? Que l’histoire est intéressante, bien conçue et le design attirant. Je ne me serais pas inscrite si je n’en pensais pas que du bien ^^
- Que doit savoir tout vrai Sophore ? Que l’excès de rhum rend malade (Même pas vrai U.u Burp.)
Voilà, en espérant être acceptée et que les Admins me laisseront avoir mon modeste bateau neutre... Si oui, je recrute des intéressés pour se joindre à moi sur le Liberty ^^ Sinon je m'inventerai sûrement un matelot, j'ai bien peur que Saranyëlle ait du mal à manoeuvrer un navire, même petit, seule.
Dim 9 Nov - 22:52
